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Soutien à la mission archéologique française à Halaesa en Sicile

missions/Mission_Halaesa
La Mission Archéologique Française à Halaesa, dirigée par Michela Costanzi (UPJV-Univeristé d’Amiens, UR 4284 TrAme), travaille sur le site d’Halaesa (dans la commune de Tusa, sur la côte nord de la Sicile, à 80 km à l’est de Palerme), depuis 2016, dans le cadre d’une convention entre institutions françaises (UPJV-Université de Picardie Jules Verne, Amiens, et Inrap-Institut National pour les Recherches en Archéologie Préventive), et institutions italiennes (Assessorato dei Beni Culturali e dell’Identità Siciliana, Parc Archéologique de Tyndaris, Surintendance des Biens Culturels de Messine et Mairie de Tusa), avec le soutien d’Antiquités Siciliennes et du Fonds Khéops pour l’archéologie.

Histoire du site
Diodore de Sicile (XIV, 16, 4 et14) rapporte deux versions différentes de la fondation de la cité : la polis d’Halaesa aurait été fondée après la paix entre les Herbitaioi et Denys de Syracuse (403/402 av. J.-C.), par un roi sicule, Archonidès d’Herbita ; selon la seconde version, elle aurait été fondée par les Carthaginois au moment de la paix entre Himilcon et Denys (405 av. J.-C.).
La cité semble être, au IVe s. av. J.-C., un centre religieux important dans la région : les textes mentionnent un Apollonion où les Halaesini célébraient avec les Herbitaioi des rites de suggeneia. Les inscriptions, dont un décret d’euerghesia et de proedria émanant du koinon ton iereon tou Apollonos, confirment l’existence d’un sanctuaire consacré à Apollon qui, à l’époque hellénistique, semble devenir le siège d’un koinon des prêtres de ce dieu.
La cité devint importante à l’époque romaine, quand, première de toutes les cités de Sicile s’étant soumises à la domination des Romains après la 1ère guerre punique, elle obtint en 263 av. J.-C. le privilège d’être l’une des cinq civitates liberae atque immunes de la Sicile. Au VIIe s. apr. J.-C., le site est un siège épiscopal : en 649, l’évêque Calumniosus participe au Synode de Rome, tandis qu’en 870 l’évêque Antonius participe au Synode de Constantinople.
En 853, quand les Arabes occupent la côte septentrionale de l’île, la cité passe sous leur contrôle et elle est ensuite abandonnée. Le centre habité se déplace alors sur la Rocca di Tusa, tandis qu’Halaesa n’est plus que le siège du monastère de Santa Maria delle Palate.

Présentation de la mission
La Mission présente plusieurs intérêts majeurs :
- Un intérêt scientifique : le programme scientifique concerne l’évolution urbaine d’une cité de la Sicile du Nord sur le long terme. Il permet donc de s’intéresser aux évolutions, aux transformations, aux adaptations de la cité vis-à-vis des différents habitants, aux changements de la vie de la forme de la cité, depuis sa fondation à la fin de l’époque classique jusqu’à son abandon à l’époque médiévale. La Mission se sert de toutes les technologies de pointe pour la prospection et l’étude ;
- le projet s’inscrit résolument dans la continuité de la recherche scientifique actuelle portant sur les questions de l’identité culturelle des populations locales qui n’ont pas eu besoin des Grecs pour fonder des cités et pour créer des centres qui comptent parmi les plus importants en Sicile au IIIe s. av. J.-C.
Halaesa est, en effet, définie par Cicéron comme la plus belle cité (pulcherrima) de Sicile.
Mais on s’intéresse aussi au déroulement de la vie d’une cité qui passe au travers des changements politiques et de ceux de la société ;
- un intérêt patrimonial et touristique, soutenu par une forte demande de la part des autorités et de la population locales ; la qualité et l’importance des vestiges d’Halaesa, restant en grande partie à fouiller, lui confèrent non seulement un fort potentiel archéologique, mais également une position historique de première importance dans la région. Les travaux de la Mission et les découvertes déjà réalisées représentent une manière particulièrement importante pour réhabiliter ce territoire et valoriser cette partie de l’île et son riche patrimoine trop longtemps sous-estimé par rapport à d’autres zones plus connues en Sicile (Palerme, Taormine, Agrigente). Ces travaux pourront apporter une vitalité touristique et économique à toute la région ;
- la Mission est aussi un chantier-école auquel participent les étudiants des universités françaises, mais aussi italiennes, et d’autres pays. L’équipe d’encadrement est composée d’archéologues, et de plusieurs spécialistes (céramologues, topographes, anthropologues, etc.). Le but est d’initier les étudiants aux différentes techniques et spécialités de l’archéologi : le relevé, la photogrammétrie, le LiDAR, le SIG, l’étude de la céramique, etc. ;
- Enfin la Mission est suivie sur les réseaux sociaux par un grand nombre d’abonnés. Les activités, mais aussi les actions des mécènes (sauf demande contraire) y sont mises en valeur (page Facebook : https://www.facebook.com/MAFHAL/). La Mission accomplit aussi une grande activité de communication via la presse (Le Figaro, Grands Reportages TF1, Chemins de travers France 2, etc.), les colloques, les publications scientifiques

Historiographie et état de la recherche
Si les informations dans les sources permettent de se faire une idée de l’importance de la cité, les fouilles se sont concentrées sur le seul secteur de l’agora transformée en forum.
Les premières fouilles y ont été conduites par Luigi Bernabò Brea et Gianfilippo Carettoni, en 1952, 1954 et 1956. A l’occasion de ces travaux, le temple dit d’Apollon sur l’acropole nord avait également été reconnu et un mur à contreforts sur la partie nord de la colline dégagé. La fouille du forum est reprise d’une manière systématique, dans les années 1970, par Giacomo Scibona, qui décide de consolider les structures mises au jour et de restaurer le mur à contreforts. Avec la collaboration de Gabriella Tigano, Giacomo Scibona a repris des fouilles en 1998, se concentrant encore sur l’agora/ forum, dont le portique occidental fur dégagé. Ces travaux furent complétés, de 2002 à 2004, par la mise au jour d’une partie du réseau viaire, ainsi que du tracé du rempart et de la nécropole méridionale. En parallèle, la chôra a fait l’objet de prospections, établissant la présence d’une seconde nécropole au nord et de fermes agricoles dans les territoires environnants.
Si le forum est totalement connu et étudié, il reste à comprendre l’organisation urbaine de la cité, dont on ne connaît ni l’apparat monumental (sauf l’agora/forum), ni les monuments religieux (sauf le temple dit d’Apollon), ni l’habitat. Dans ce dossier incomplet figurent aussi les édifices administratifs, les thermes, le théâtre, le port.

Travaux de la mission
La colline d’Halaesa n’ayant jamais été réoccupée par une cité moderne et n’ayant été que très peu étudiée et pas d’une manière systématique par le passé, constitue un lieu de recherche unique.
La Mission travaille chaque été pendant un mois sur trois secteurs du site (acropole méridionale, agora et théâtre) qui correspondent à des fonctions urbaines distinctes (espaces d’habitat et publics).
Dans les trois secteurs, la Mission a fait des découvertes majeures, en mettant en lumières des aménagements et des édifices importants. Sur l’acropole méridionale, un bâtiment sur plusieurs étages, qui conserve un mobilier abondant et raffiné de statuettes, lampes et objets en métal et os, indique ici la présence d’un riche quartier résidentiel. A côté de l’agora, les aménagements mis en lumière montrent également un important quartier d’habitations, construites en terrasses, le long de la pente de la colline. Dans ces deux secteurs, des citernes ont été découvertes, qui permettent de mieux comprendre la question de l’approvisionnement et de la gestion des eaux, sur une colline où des sources naturelles sont absentes.
La découverte la plus significative qui a suscité le plus vif intérêt a été, en 2018, celle d’un théâtre antique, totalement enfoui, dont on ne soupçonnait pas l’existence.
Les campagnes de fouilles de 2019 et de 2021 ont permis de cerner la forme et les dimensions du théâtre qui a un diamètre de 77 m, une hauteur de 20 m, de la scène jusqu’au mur à contreforts, avec une capacité estimée à environ 10.000 places. A titre d’exemple, le théâtre d’Agrigente et de Taormine ont un diamètre d’environ 100 m. En 2021, en particulier, des parties monumentales ont été dégagées dans le théâtre, comme l’imposant mur du couloir d’accès méridional (parodos), bien conservé, libéré pour l’instant sur 5 m de hauteur et une dizaine de mètres de longueur.


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