Cadre géographique
Le Gebel el-Galala el-Baharia forme un grand plateau calcaire situé au nord du Ouadi Araba, entre vallée du Nil et mer Rouge. Ce plateau, qui déclive vers le sud-ouest, est parcouru d’un vaste réseau de ouadis qui empruntent parfois des canyons peu profonds débouchant sur de vastes vallées sèches en direction de la vallée du Nil. C’est le cas du Ouadi Sannour et du Ouadi Abou Rimth qui se développent vers le sud, et du Ouadi Warag qui s’écoule en direction du nord-ouest. Le vaste complexe de mines est localisé dans la partie amont de ces réseaux hydrographiques, là où les calcaires de l’Éocène, contenant de riches formations de silex, ont été entaillés à différents degrés. L’excellente qualité de ces matériaux a suscité l’intérêt des artisans de la taille du silex égyptiens qui ont produit des dizaines de milliers d’outils destinés aux centres consommateurs de la vallée du Nil.
Historique des recherches
Entre 1876 et 1885, le botaniste allemand Georg August Schweinfurth découvre, dans deux localités du Galala-nord – le Ouadi Sannour et le Ouadi Warag –, des concentrations d’éclats et de nucléus en silex qu’il interprète comme étant des ateliers de taille du silex. Ces découvertes prennent place vingt ans avant celles du Ouadi Sheikh par Heywood Walter Seton-Karr. En dépit d’une mention publiée dans la revue Science en 1885 et dans le Bulletin de l’Institut égyptien (BIE) en 1886, les découvertes du scientifique allemand, contrairement à celles du Ouadi Sheikh, sont restées dans le silence durant plus d’un siècle. En 2014, nous avons commencé des prospections sur le terrain et localisé avec succès les deux sites identifiés par G.A. Schweinfurth, restés complètement intacts depuis leur découverte environ 140 ans auparavant. Nous avons ensuite étendu la recherche sur un espace géographique plus large, en nous appuyant sur des indices tirés de l’examen approfondi des images satellites, et avons découvert de nombreux sites nouveaux répartis sur une superficie de plus de 600 km2. Ces observations ont été complétées par des fouilles localisées en différents points du Galala pour approfondir la nature des installations et leur chronologie.
Un vaste complexe minier
En suivant les pistes explorées par G.A. Schweinfurth, nous avons pu sortir de l’oubli les sites révélés dans le courant du XIXe s. par le savant allemand, en mesurer l’importance, prolonger ses découvertes par de nouvelles investigations de terrain qui ont permis de mettre en lumière leur véritable portée. On sait à présent que la partie occidentale du Galala-nord possède de riches ressources en silex de grande qualité. Celles-ci ont donné lieu à des exploitations de type industriel qui, d’après les premiers éléments de datation dont nous disposons, s’échelonnent de la période protodynastique jusqu’à l’Ancien Empire. La forte densité de sites miniers sur un territoire aussi vaste et l’exploitation de gîtes parfois très modestes et isolés indiquent que les mineurs ont exploré la région de manière systématique pour en extraire les meilleurs matériaux. L’important réseau de pistes qui traverse la partie occidentale du Galala a certainement favorisé cette très bonne connaissance des ressources.
Les formations de silex étaient facilement repérées dans le paysage par la présence de niveaux altérés par la thermoclastie dessinant des bandes de teinte sombre sur le flanc des collines ou les bords des plateaux. L’activité minière était généralement conduite au moyen de longues tranchées creusées dans le substrat en suivant la disposition naturelle des strates calcaires où se trouvaient les meilleurs blocs de silex. Des puits étaient également parfois creusés sur les replats pour atteindre les bancs de silex en place accessibles à faible profondeur. Les haldes de ces mines encore visibles forment des monticules de cailloux calcaires bordant les excavations.
Consulter la page de la mission sur le site de l'Ifao
Consulter la présentation de la mission sur le site d'ArchéoNil