La cachette de Bab el-Gasous, dite des prêtres d'Amon, a été mise au jour en 1891 à proximité de l'angle nord-est de la première cour du temple d'Hatchepsout, sur le site de Deir el-Bahari. Elle abritait les cercueils de 153 membres de l'élite thébaine de la XXIe dynastie (1069-945 av. J.-C.) appartenant à environ quatre générations. Ces derniers ont été enterrés avec plus de 4000 objets : des cercueils anthropomorphes à fond jaune souvent doubles, des papyrus funéraires (Livres des morts roulés dans des statuettes creuses d'Osiris et Livres de l'Amdouat généralement placés entre les jambes de la momie), des linceuls, des ouchebtis et leurs coffrets, des vases canopes, des stèles, des perruques, des paires de sandales, des paniers en jonc tressé, des guirlandes de fleurs, des provisions, des amulettes…
Cette découverte a conduit à une évacuation rapide de la tombe sans que soit établie la documentation scientifique nécessaire par rapport aux normes actuelles. Autrement dit, la disposition exacte des objets au moment de leur découverte n'a pas été décrite précisément et exhaustivement dans les rapports de fouilles publiés a posteriori par Georges Daressy, tandis que les plans et coupes de la tombe restèrent au niveau d'esquisses. En outre, le sol de la tombe n'a jamais été fouillé. Ces défauts d'enregistrement, notamment dus à l'absence de la tenue d'une fouille archéologique moderne, ne permettent ni d'étudier de manière fine le lien entre la localisation du défunt dans la tombe et la hiérarchie sociale, ni de trancher entre les différentes hypothèses qui ont été proposées au sujet de la construction de cette tombe, puis de sa constitution en cachette
La mission française Bab el-Gasous, novembre 2024 – réalisée en collaboration avec la mission polonaise de l'université de Varsovie et du Centre polonais d'archéologie méditerranéenne à Deir el-Bahari – a pour but d'évaluer et documenter l'état de la tombe, d'en établir un plan topographique en deux et trois dimensions, puis une photogrammétrie s'appuyant sur des repères topographiques. La réalisation d'un plan précis et d'une modélisation 3D devrait non seulement nous permettre de préciser les dimensions et le volume de ce tombeau, d'indiquer la présence de niches mais également de définir les processus de mise en œuvre de la tombe (creusement, aménagement), ainsi qu'affiner notre reconstitution de la localisation du matériel funéraire à l'intérieur de cette cachette, au moment de sa découverte. La réalisation de ce plan et l'étude des marques de construction (techniques de taille et de creusement) devraient permettre de mieux situer la date de sa construction et les raisons de son agrandissement.
En début de mission, la priorité a été de sécuriser l'entrée du puits de la tombe (d'une profondeur de 11m) en y installant une plateforme en bois avec deux portes. Les membres de la mission ont tous été équipés afin d'assurer leur descente par une échelle métallique. Une première campagne de fouilles menée par une équipe d'ouvriers égyptiens a permis de vider le fond du puits et une partie du sol de la tombe.
De nombreux fragments de cercueils jaunes de la XXIe ou du début de la XXIIe dynastie, entassés les uns sur les autres dans la partie la plus profonde de la tombe, ont été partiellement reconstitués et documentés. En outre, des tests de restauration d’un fragment de cercueil inscrit ont été réalisés afin d’évaluer la méthode la plus adaptée à l'ensemble.
Consulter la présentation de la base de données de la Cachette de Bab el-Gasous sur site du CNRS