Depuis vingt ans, la mission du temple d’Amenhotep III et des colosses de Memnon a pour objectif de sauver les derniers vestiges de ce fabuleux ensemble funéraire. Cette mission est dirigée par Mme Hourig Sourouzian et se déroule sous la tutelle de l’Institut archéologique allemand et du Ministère des Antiquités.
Ce temple prestigieux, autrefois le plus grand et le plus richement équipé, fut construit sous le règne prospère d’Amenhotep III durant la première moitié du XIVe siècle av. J.-C. Détruit dans l’antiquité par un tremblement de terre, il fut pendant longtemps exploité comme carrière au profit des temples avoisinants et finit par être abandonné. Les seuls monuments restés debout étaient les colosses qui se dressaient à l’entrée du temple, dont l’un, à moitié écroulé par un séisme et assimilé à Memnon à l’époque gréco-romaine, avait été restauré, d’où le nom donné actuellement à ces deux colosses.
En proie aux intempéries, inondations, torrents, et, dernièrement à l’eau d’irrigation des champs environnants, les derniers vestiges encore visibles et ayant échappé aux convoitises des collectionneurs du XIXe siècle, étaient attaqués par l’action de l’eau et du sel, envahis par a végétation et menacés par le feu, sans oublier le vandalisme.
Le projet de sauvegarde de ce patrimoine menacé est né après qu’un feu de broussaille ait fortement endommagé les dernières pierres du temple, en 1996. Encouragépar les autorités locales, l’Institut archéologique allemand déposa une demande d’autorisation en 1997. Le Conseil Suprême des Antiquités accorda la mission la permission d’intervenir sur ce site qui fut publié dans la liste des 100 monuments les plus endommagés du monde par "World Monuments Watch" en 1998, et à nouveau en 2004.
Grâce à cette nomination, une première bourse a été allouée par le « World Monuments Fund » pour des travaux de sauvegarde qui ont commencé en 1989 par une campagne de nettoyage, de désherbage, et de documentation des vestiges visibles. Par la suite, des investigations plus approfondies et des fouilles ciblées ont permis de dégager des fragments de monument qui ont été réassemblés puis remis en place. Au cours de ces années, la mission s’est engagée à conserver cet héritage et à présenter les monuments restaurés à leur emplacement d’origine.
Depuis vingt ans, la mission a redressé une paire de colosses de quartzite gisant à la porte du IIe pylône, une paire de colosses représentant Amenhotep III debout à la porte nord de l’enceinte du temple, ainsi qu’une paire rare de colosses d’albâtre en cours de restauration devant le IIIe pylône. La mission a, par ailleurs, réussi le dégagement complet de la grande cour à péristyle, aujourd’hui en cours d’aménagement, où d’importants travaux d’assèchement ont contribué au redressement de monuments importants, notamment une stèle monumentale et une dizaine de statues royales ainsi qu’une grande statue d’un hippopotame en albâtre. Outre ces monuments, la mission a découvert tout autour de la cour quelque 260 statues de la déesse léontocéphale Sekhmet, collection unique qui risque d’être dispersée si le projet de musée en plein air pour la sculpture monumentale n’est pas autorisé puis financé.
Outre la conservation des monuments redressés, la mission fait œuvre sociale en employant quelques centaines d’ouvriers qu’elle forme dans les différents domaines du chantier archéologique : fouilles, restauration, raccords, documentation et jusqu’à la fabrication de briques selon la tradition ancienne encore employée à ce jour, pour la protection ou la reconstitution partielles de structures originales de briques. La mission aide ainsi ces jeunes gens issus des villages environnants où le chômage est courant, non seulement à trouver un emploi mais à se former et surtout, à faire vivre leurs familles.
En outre, la mission engage chaque année plusieurs étudiantes ou étudiants égyptiens en égyptologie ou en restauration, qui se forment ainsi à la documentation ou la conservation, et postulent ensuite auprès du Conseil Suprême des Antiquités ou d’autres missions archéologiques.
Le projet des colosses de Memnon et du temple d’Amenhotep III à Kôm el-Hettan est un bel exemple de conservation et de coopération, en Égypte comme à l’étranger, rendu possible uniquement grâce au soutien matériel et financier des mécènes privés : l’Association des Amis des Colosses de Memnon (fondée par Monique Hennessy, a financé ce projet jusqu’en 2014) à laquelle contribuent Farida Khelfa, Christian Louboutin et Henri Seydoux ; « World Monuments Fund » ; « Memnon Verein » ; « Association Gandur pour l’Art » ; Stéphanie et Bernhard Buchner ; Mercedes Benz…
Durant la saison d’automne 2019, les membres de la mission ont découvert une belle statue d'un mètre de haut d’une divinité à tête de faucon qui représente probablement Horus, la partie inférieure d’une déesse assise en diorite, la tête d’une statue de la déesse Sekhmet, ainsi que des vestiges d’architecture, des fragments de décor mural et de colonnes. En outre, les membres de la mission ont redressé des parties de statues royales en quartzite dans la cour à péristyle, construit une nouvelle partie du mur de protection autour de la cour et assuré la documentation photogrammétrique des morceaux de deux colosses royaux exceptionnellement en albâtre, qui seront redressés prochainement devant la porte du IIIe pylône du temple.
Depuis novembre 2019, le « Fonds Khéops pour l’archéologie » est heureux de rejoindre la liste prestigieuse des mécènes.
Consulter la présentation de la mission du portail numérique L.I.S.A. de la Fondation Gerda Henkel
(dont sont issues les images illustrant cette notice)